Petite intrusion [Shin]

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À peine avait-elle franchi la barrière que le Palais entier était au courant. D'abord, les gardes vampires avaient remarqué la forme humaine approcher du stade et le contempler avec envie. Leur vue, entraînée à cet effet, a ainsi pu détecter l'escalade au-dessus de la barrière à des centaines de mètres de distance. À priori, il s'agit d'une effraction passible de châtiment, mais fallait-il appliquer cette loi si difficile pour une effraction si mineure ?

Alors... on signala l'affaire aux supérieurs, qui firent quérir l'avis de l'empereur...

Avait-il réellement des chances de s'intéresser à une petite humaine, même pas dans l'âge adulte ? Non... et pourtant si. Voilà des jours qu'il n'était pas sorti voir l'extérieur. À cause de cette pluie incessante, des réunions d'un ennui déplorable s'enchaînaient. Il tenait là une bonne raison de s'absenter quelques heures, même si celle-ci semblait ridicule. Pourquoi se déplacerait-il pour sermonner une humaine alors qu'un simple soldat s'en occupait habituellement ?
Mais personne ne discute les ordres de l'empereur... tout du moins, pas pour ce genre de choses. Qui sait ce que Shin avait en tête.

Le voilà arrivé devant les grilles à son tour, cinq minutes après l'effraction. Il était habillé de ses vêtements traditionnels, voulant par la même occasion sentir la pluie toucher sa peau. Son corps ne craignait pas le froid, contrairement aux autres créatures. La pluie tombait si fort... cela lui procurait un bien fou. Il se sentait serein, loin des bavardages inutiles et bruyants du palais en plein effervescence.
Il franchit la barrière sans problème et se dirigea vers la petite forme au centre du stade. Son esprit lui dicta de prendre son temps pour savourer le bruit naturel de la pluie. Il mit deux minutes à rejoindre l'humaine, qui remarqua sûrement son arrivée... quoique ses yeux étaient fermés et la pluie masquait le bruit de ses pas. Arrivé à sa hauteur, Shin mit ses mains dans ses poches et scruta le visage de Nastuki Noara.

- Quiconque entre dans cet endroit sans y être invité à droit à un séjour offert en prison. Étiez-vous au courant de ce petit désagrément ?

Apparemment, il parlait assez sérieusement... Pas un sourire, pas de regard glacé ni d'air menaçant, juste un visage tranquille. Il n'a jamais été dans sa nature de plaisanter ou de provoquer. Son apparence ne faisait pas penser à un garde ou un soldat impérial, mais il avait un petit quelque chose de différent des autres...
Mais après tout, peut-être le connait-elle déjà ? Dans ce cas... cela lui fera tout drôle de se retrouver face à cette personne particulièrement...

- Oui mais je m’en fiche,

- L’empereur ?

Je croyais que pour ce genre de petite infraction on envoyait un simple corrodeur. Je dois être spéciale pour que l’empereur se déplace.

Invité

Ainsi, elle le reconnaissait. Bravo, au moins, elle s'intéressait un minimum à la chose qui gouverne son pays. Maintenant, oser lui avouer en face, à lui, qu'elle se fichait de ses règlements et lois, cette humaine ne devait pas avoir froid aux yeux... Sorte d'inconscience de la jeunesse, sans aucun doute.

Il la fixa une dizaine de seconde pour évaluer le degré de danger qu'elle représentait. Humaine, petite, fine... on approche du 0. Plus important, que venait-elle faire dans les parages ? Préparation d'un mauvais coup ? Curiosité simple ? Petite envie de se rebeller contre l'autorité ? Shin n'allait pas faire de conclusion trop hâtive, mais il allait jouer avec elle... tout ce qu'elle souhaitait, apparemment. Comme un adulte jouant avec une enfant...
Suivant la même façon de distinguer l'empereur dans son discours, Shin se mit à s'approcher lentement et lui répondit ces mots, toujours le plus sérieusement du monde :

- Il est également possible que l'empereur ait une petite soif et qu'il soit sorti de son bercail afin de se rassasier. Dans ce cas, vous l'admettrez, peu importe la personne qui soit face à lui à ce moment-là. Mais je dois avouer qu'il a un léger penchant pour les petites humaines trop curieuses qui ne suivent pas les règlements.

Avec une expression pareille, difficile de deviner l'humour qui se cachait derrière cette ultime phrase... bien que comme humour, on eut facilement trouvé plus amusant, surtout pour l'humaine visée. Il lui laissa le temps de digérer ces phrases, d'analyser la situation grotesque dans laquelle elle s'était fourrée, puis, il enchaîna sur sa morale à deux sous :

- Cela en valait le coup, vous croyez ?

Son but n'était pas de l'apeurer ni de l'empêcher de revenir si ça l'amusait, mais juste de la faire réfléchir. Si elle avait une bonne raison de venir dans un stade vide, pourquoi pas... Mais si elle continuait ainsi et s'engageait dans une voie plus grave encore, il ne resterait pas si gentil.
Par contre... échappera-t-elle à son emprisonnement... ?
Il ne faudrait tout de même pas pousser la gentillesse si loin... Elle sera l'exemple, comme on dit bien souvent.

- Alors allez-y qu’est-ce qui vous en empêche ? On est seuls après tout vous pouvez le faire sans soucis et si on vous demande pourquoi vous avez fait ça vous aurez juste à répondre « Elle m’a manquée de respect », c’est tellement facile.

- De toute manière même si je venais à mourir personne ne le remarquerait.

*Eh oui monsieur l’Empereur je ne suis qu’une pauvre humaine qui à froid*

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Alors, cette humaine n'avait réellement rien à faire dans cet endroit précisément, elle ne faisait que rechercher de la compagnie, quelqu'un qui la remarquerait enfin... au contraire de l'empereur qui avait souhaité s'occuper de cette affaire pour retrouver un instant de solitude. Bizarrement, même un soldat venant l'emprisonner lui aurait convenu... elle devait vraiment être au bout du rouleau pour en arriver à un tel degré de folie.

Mademoiselle l'appelait au secours de toutes ses forces... mais malheureusement pour elle, il avait fallu qu'elle tombe sur un des seuls être au monde qui ne pourrait pas l'aider. Qui ne voudrait pas, tout du moins...
L'empereur la suivit dans les gradins, ne laissant jamais l'écart s'agrandir entre eux.

- Rassurez-vous, aucun état d'âme ne touche ma conscience. Rien ne m'empêche de faire ce que je souhaite et je n'ai à maquiller aucun de mes actes.

Il leva la jambe et posa un pied sur l'un des bancs qui composait ce gradin. Visage et regard non plus dirigés vers l'humaine, mais vers le terrain... le centre, de là où ils venaient. Il se demandait s'il devait achever sa vie comme elle le demandait ou s'il allait la laisser s'échapper.
Mais Shin n'a jamais été un démon tuant pour le plaisir. À cet instant, il n'avait pas faim... ça n'aurait été que de la gourmandise inutile. Il préféra continuer à adopter l'attitude moralisatrice pour qu'elle cesse purement et simplement de ne servir à rien dans son royaume...

- Mais je n'ai aucune envie de venir en aide à une humaine en pleine crise d'adolescence. C'est si facile pour une personne telle que vous de se reconvertir et de recommencer une vie. Plutôt qu'avoir froid, vagabonder dans les rues et tenter de défier l'autorité, vous devriez trouver un travail, des collègues et vous découvrir un but. Celui que vous désirez.

Qu'elle rejoigne l'empire ou ses opposants, Shin s'en moquait éperdument.
Enfin... si elle venait à choisir les autres, qu'elle ne se plaigne pas ensuite... évidemment.

- À votre sortie de prison, des gens seront à vos côtés pour votre nouveau départ. Si une nouvelle vie ne vous satisfait pas, faites-vous sauter vous-même, ne demandez pas aux autres.

Il tourna la tête vers elle et la regarda avec un air hautain. L'empereur n'espérait pas qu'elle se soumette si facilement, il se doutait qu'elle résisterait. De toute manière, il n'était ici que pour une chose : la ramener au Palais. La prison déciderait sans doute le reste...
Qu'elle le haïsse si ça lui fait plaisir. Au moins, ça lui fera un but...

- Je fais tellement gamine que ça ? J’ai 17 ans pourtant ! Et puis c’est vrai pourquoi venir en aide à un casse-croûte c’est débile. De toute manière vous ne pouvez pas comprendre, parie que vous avez toujours la vie facile et qu’il vous suffisez d’un claquement de doigt pour obtenir ce que vous voulez.

- Ca ne vous arrive jamais de rire ? Ou de vous amusez ? Vous avez toujours un visage si impassible je trouve sa triste, et quand il n’est pas impassible vous regardez les gens de haut et ça sa a le don de m’énerver !

[HJ : Désolé c'est court mais je commence à manquer d'inspiration ^^" Il ma fallu trois heures pour écrire ça ><"]

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Son petit discours et ses mimiques semblaient faire effet petit-à-petit. Quel intérêt d'agacer Natsuki Noara ? Franchement aucun... juste sa façon de vivre dans son petit monde qui pointe le bout de son nez. À moins que ce ne soit pour la faire réagir... mais dans ce cas, la technique ne doit pas être au point.
Shin se repositionna debout, puis il s'assit finalement sur le banc, à deux mètres de l'humaine.
Il aimerait pouvoir la convaincre en un claquement de doigt... mais pour ça, bien entendu, ça ne marchera jamais... Comme quoi le monde n'est pas si bien foutu qu'elle voudrait l'imaginer.

- Ce n'est pas l'âge physique qui prime petite humaine, mais l'âge mental. Pouvez-vous seulement vous rendre compte de la chance que vous avez ? Jeune et sans attache. Choisissez le bon chemin tant qu'il est encore temps, vous finirez avec tout ce que vous désirez, vous aussi...

Il ferma les yeux et tourna la tête. Il avait presque tout ce qu'il désirait dans la seconde, mais depuis un bon moment, il ne désirait plus rien... Le reste ne le désirait pas lui apparemment...

- … avant de vous apercevoir que ce sera d'un ennui tel qu'un simple dérangement dans vos affaires attirera votre attention, au point d'occuper la place d'un domestique momentanément.

Pourtant, Shin avait peu l'occasion de le faire. Difficile de sortir du Palais pour autre chose qu'un discours... dans de nombreux cas, il aurait été suivi par des opposants. Dans le cas présent, la pluie tombait avec une telle vélocité que personne n'oserait sortir de leur abri. Réunir les trois conditions : effraction constatée, tranquillité et disponibilité n'était jamais chose aisée. Ça devait arriver... une fois par an en moyenne.
Si ça devait se terminer sur une mauvaise note, s'en serait plus pénible encore.
Et c'est ainsi que cela se terminait dans la majorité des cas.

Il rouvrit les yeux. Aucune expression sur son visage. Rire, s'amuser... il prêta attention à ces mots, à l'intérieur de sa tête. Après six siècles d'existence, difficile de trouver encore quelque chose qui lui arracherait un sourire amusé... sauf sa cousine sans doute. Une spéciale, un véritable cas, un peu comme lui. Mais à part elle... personne sans doute, encore moins cette triste humaine.

- Voyez, vous-même appuyez le fait que votre vie est plus amusante que la mienne. Alors, faites-y attention dorénavant.

L'empereur répèterait la même chose durant des heures, jusqu'à la convaincre ou l'énerver si fort au point qu'elle lui demanderait de l'enfermer au plus tôt. Quoi qu'il se passe, il n'aura pas perdu son temps... parce qu'il comprendra un peu mieux ces jeunes humaines. La prochaine fois, parce qu'il y en aurait forcément une, serait peut-être la bonne... qui sait.

[T'inquiète pas, ça me prend du temps aussi...
Mais si tu veux vraiment écourter... c'est comme tu voudras =p ]

- Je suis désolé… Quelques fois je suis un peu égoïste et vous aussi vous souffrez vous ne le montrez pas c’est tout et vous vous cachez derrière un masque de fer.

- Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas parce qu’on est haut placé dans la société, qu’on ne peut pas rire ou s’amuser. Ca me rend triste de vous voir ainsi caché derrière un masque impassible.

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Jamais il n'aurait pu imaginer que cette humaine était si paumée dans son esprit... Aller jusqu'à ressentir de la tristesse pour un inconnu alors qu'elle ne sait rien de lui. Était-il malheureux ? Non, sa vie et son statut lui plaisait, pour rien au monde il ne changerait. Il consentait juste à garder le sérieux du souverain, le sérieux que tout le monde préfère voir à un sourire laissant présager une vie heureuse.

- Je peux me targuer d'avoir tout connu, contrairement à beaucoup d'entre vous. Actuellement, je ne ressens pas le besoin de m'amuser, mais ce n'est pas une raison pour imaginer qu'à l'inverse, je souffre.

Contrairement à sa déclaration, ce serait pourtant le cas à moindre échelle. À force de travailler pour son royaume, il n'avait plus assez de moment pour se détendre. Des envies, il en avait donc plein... beaucoup trop pour lui permettre de les assouvir un jour.
Il ne perdra jamais de vue que s'il travaille moins, c'est lui qui perdra tout...
Reprenant le fil des affirmations de Natsuki Noara, il la contredit sur sa seconde prise de parole.

- Détrompez-vous, cela n'a rien à voir avec la fonction occupée, c'est quelque chose que vous ne pourrez comprendre que si vous devenez vampire. Ce que je ne souhaite pas pour vous.

C'est une chose tellement rare qu'elle n'a que peu de chance de se produire... et si quelqu'un venait à le faire sur cette humaine-ci, ce serait une erreur. À moins qu'il ne souhaite lui détruire la vie encore davantage...
Elle était très proche de son visage, mais cela ne le dérangeait pas. Autant, elle se serait éloignée, il aurait réduit l'écart. Autant là, elle était à portée de main.

- N'avez-vous jamais rencontré de vampire aussi âgés que moi ? Vous sauriez qu'ils ont pour la plupart des mines tristes ou démentes. Tout dépend de la volonté de la personne en fonction du temps qui passe... même chose pour vous.

Combien de fois répéterait-il la même chose... ? Ça ne l'intéressait pas spécialement de parler de lui, mais si c'était nécessaire pour faire comprendre à l'humaine qu'elle était dans l'erreur, il pourrait continuer des heures jusqu'à ce qu'elle s'avoue vaincue... Quoique, des heures... il n'aurait pas le luxe de s'accorder autant de temps pour une sortie.

- Pourquoi ? Quand on est vampire on n’a pas le droit de s’amuser ? On n’a pas le droit de se comporter comme tout le monde ? Mais finalement ça revient au même notre place influe toujours sur notre comportement. Pourquoi vous ne me le souhaiter pas ? C’est tellement désagréable que ça ? Et vous vous avez eu le choix d’être un vampire ? On vous la imposé ou vous l’étiez déjà à la naissance ?

Invité

Assaillit de question, Shin ne s'en offusqua pas. Comme il aurait pu le prévoir, cette humaine ne connaissait rien de son gouverneur, descendant d'une grande et noble famille de sang-purs. Peut-être l'ignorance allait-elle jusqu'au propre nom du souverain... qui sait. Dans ces conditions, les questions allaient se poursuivre inlassablement jusqu'à ce qu'elle sache tout... ce qui ne risquerait jamais d'arriver. Plutôt que d'y répondre, l'empereur devait trouver un stratagème pour ne pas perdre trop de temps dans des détails insignifiants tels que ceux-ci. Après tout, il n'était pas venu pour se présenter...
Lorsqu'elle s'éloigna pour monter plus haut dans les gradins, il se leva après quelques secondes de flottement, puis il la suivit. Non, elle n'allait pas tenter de s'échapper... tout du moins pas encore. Pas après avoir posé ses questions. Shin s'assit un gradin plus haut, juste au-dessus de l'humaine.

- Si vous souhaitez avoir des renseignements sur la famille royale, lisez des livres. En prison, vous aurez tout le temps et toutes les informations que vous désirez. Une seule chose, qui pourra peut-être vous faire comprendre : quelle que soit la race, on ne s'amuse pas tout au long de sa vie.

Il semblait se ficher qu'elle chante ou non au moment où il répondit ces mots. Les chants ne l'intéressaient plus non plus, la musique en général d'ailleurs. Il était plus intéressant de continuer à discuter plutôt qu'écouter la voix de l'humaine, même si cette dernière aurait pu se révéler être un bon apaisement.
Continuant sur sa lancée, il lui expliqua pourquoi il ne souhaitait pas la voir transformée en vampire. C'était une vision tout à fait impersonnelle, il tentait de se mettre à la place de l'humaine dans une vie identique à la sienne.

- Plus la vie est longue, plus la période pénible et non amusante l'est aussi. Pour quelqu'un comme vous, j'imagine que ce ne serait pas une chose souhaitable. N'êtes-vous pas d'accord, petite humaine ?

La voyant silencieuse – en laissant la chanson de côté –, il se demanda si la conversation pouvait encore évoluer ou si elle venait de se terminer brutalement.

- Si vous n'avez plus rien à dire, inutile de perdre du temps. Votre vie est trop courte pour que vous puissiez vous permettre de ne rien faire.

Il se releva, l'invitant à en faire de même si la discussion était effectivement terminée. Avait-elle encore des choses à dire après cela ou essayerait-elle de l'intéresser ou de le supplier de revoir sa décision ? Après tout, Shin aurait préféré qu'elle soit plus hargneuse, plus têtue... plus battante. Au moins, elle l'aurait légèrement plus divertie. Depuis un moment, il ne parlait que de lui... qu'est-ce que cela avait à lui apporter... ?
Enfin... au final, il gagnerait sans doute une nouvelle collaboratrice. Un bien supplémentaire dans la bataille contre les opposants...